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cause. Don Antonio vous préfère Tolugheddu.

Le pauvre garçon poussa un cri, et se tourna vers de Ribas avec une expression déchirante.

— Ah !… vous me trompiez !… Quoi ! vous me refusez Grazia ? Vous voulez donc que je meure ?

— Ce n’est pas moi qui t’ai trompé, mon garçon, répondit de Ribas fort contrarié ! J’ai vu qu’on te ménageait la chose, à cause de ta maladie, et j’ai fait comme les autres, croyant bien faire. Ce n’est pas ma faute si ton ami a changé d’idée. Allons ! du courage ! et ne parle pas de mourir. Est-ce qu’il est digne d’un homme de se laisser gouverner ainsi par l’amour d’une femme ?

— Oui ! don Antonio, oui ! car il n’y a rien de plus grand que l’amour vrai. J’aime Grazia, et je la rendrais heureuse, et vous sentiriez que cela est beau de faire des heureux ! Oh ! prenez-moi pour gendre, et vous verrez ce que je puis faire, excité par l’amour. Vous voulez un riche, jo le deviendrai, jo le veux ! Cela sera !

— Eh ! mon garçon, je crois à ta bonne volonté ; mais ne devient pas riche qui veut, et le plus sur est de l’être. Calme-toi, remets-toi ; nous parlerons de cela plus tard.

— Quand vous aurez promis à Tolugheddu ! Non, non ! il faut que vous m’entendiez…

Il se mit alors à développer nos projets d’amélioration, fit valoir l’argent que je lui faisais prêter, sema, récolta, bâtit, fit merveille. Il parlait comme un professeur d’agriculture ; et je ne sais où il prenait tout cela. Peut-être dans son imagination ; je n’étais pas assez savant pour en juger. Mais, s’il me faisait illusion, il ne gagnait rien sur de Ribas, qui l’écoutait avec un sourire, et ce dédain moqueur de l’ignorant et du sauvage pour ce qui froisse leurs habitudes et dépasse leurs conceptions.

Effisio vit cela et tout à coup, se dressant sur son lit, malgré sa blessure, et découvrant ses