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autre sans protestation ? Sürement, elle devait agir. Peut-être avait-elle besoin de moi ?

Mon rôle était difficile. Après la demande d’Effisio, après la phrase mal reque que j’avais adressée à de Ribas, m’aller présenter chez eux et chercher à m’entretenir avec Grazia, dans une langue que toute la famille n’entendait pas, c’eût été peut-être me brouiller avec de Ribas. J’allai sur le chemin de la fontaine, emportant dans ma poche une poignée de ces bonbons en papillottes, que le progrès des siècles a fait pénétrer jusqu’à Nuoro. Dans une de ces papillottes, au lieu de bonbon, j’avais mis un billet, plié en même forme et de même volume, où je disais à Grazia l’état d’Effisio, nos angoisses, et lui demandais le moyen de nous entendre avec elle. Elle pouvait nous jeter un mot à la poste ; du moins, je le pensais.

Mon espoir était que Grazia viendrait avec sa petite sœur, ce qui eût rendu ma précaution inutile et nous eût permis d’échanger quelques paroles. Mais elle arriva, flanquée de deux amies, outre Effisedda.

— Bonjour I me cria la petite fille ; bonjour, ami !

Je fouillai dans ma poche, et lui montrai les bonbons. Elle vint en sautillant, sa cruche sur la tête, les prendre. Puis, je saluai les jeunes filles, et comme pris d’une idée subite, m’approchant d’elles, je leur offris aussi des bonbons. Elles acceptèrent en riant.

— Ah ! dis-je en mettant la main dans ma poche, et en lançant à Grazia un coup d’œil significatif, il m’en reste encore un. Le voulez-vous ?

Je vis dans ses yeux qu’elle comprenait, et lui remis le billet. Nous ne pâmes échanger d’autres paroles. Le moindre mot, la moindre allusion, pouvaient être saisis par les oreilles curieuses, et peut-être jalouses, de ses compagnes.

Je vis que la pauvre enfant était triste et pâlie, et ce fut tout.

À peine étais-je de retour qu’entra de