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— Il parle longtemps, mon oncle, me disait-il, ébauchant un sourire ; espérons qu’il parle bien.

— Et cependant, reprenait-il, quand même il serait accueilli avec bienveillance, je n’ose espérer une promesse formelle dès aujourd’hui. On me renverra peut-être à un mois, et si dans cet intervalle Tolugheddu se présente… Ah ! mon ami, c’est en amour qu’on peut admettre la suppression d’un homme ! Je hais ce Tolugheddu !

Je guettais le retour de l’oncle et l’arrêtai au passage. Il me dit :

— Je le savais bien ! Tout ce que j’ai pu alléguer n’y a rien fait, et comme nous sommes de vieux amis, de Ribas a fini par me fermer la bouche, en me disant que Tolugheddu serait son gendre.

— Lui avez-vous parlé des projets d’Effisio ? Lui avez-vous dit que dans quelques années il sera devenu riche et honoré pour les progrès qu’il aura fait accomplir à l’agriculture en Sardaigne ?

— Oui, oui, dit le bonhomme d’un air goguenard, j’ai touché un mot de ça, puisque je l’avais promis ; mais les projets sont des projets, et tout le monde sait qu’un champ ne peut donner qu’une récolte ; De Ribas n’y a seulement pas fait attention.

— Au moins, dans l’état de fièvre où est Effisio, laissez-lui quelque espérance.

Don Cambazzu comprit que cela était utile, et il dit à Effisio qu’on l’avait renvoyé pour la réponse à un mois. Mais ensuite, aux mille questions que le pauvre amant, cherchant quelque base où poser des conjectures, lui adressait sur les paroles et l’attitude du père de Grazzia, l’oncle répondit de manière à laisser percer son propre découragement et ne laissa à mon ami d’autres illusions que celles qu’il s’obstinait à garder. Rassuré par le médecin sur le sort de son neveu, don Cambazzu partit bientôt, et je n’en fus pas fâché.

Qu’allais-je faire ? Que pouvait-on faire ? Que pensait, que faisait Grazia ? Pouvait-elle, aimant Effisio, se laisser donner à un