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lisée des valeurs assez considérables qu’elle portait ; mais Effisio était arrivé à temps pour épargner les derniers outrages à deux malheureuses femmes à demi évanouies. L’homme qui les accompagnait, leur mari et frère, était dangereusement blessé. On avait laissé ces trois personnes à Silanus ; mais Effisio, au lieu de se faire soigner, avait voulu revenir de suite à Nuoro par la voiture de retour et il avait non sans peine décidé son oncle. — Et peut-être mon bonheur est-il sauvé, ajouta-t-il, les yeux éclatants de fièvre. Le crois-tu ? reprit-il, avec ce tutoiement si facile aux Italiens dans l’amitié.

— Ainsi, il y a des brigands dans vos montagnes ? dis-je, évitant de lui répondre.

— Dans nos montagnes, oui certainement, puisque nous sommes ici dans la montagne ; mais on pourrait aussi bien dire dans nos villages.

— Comment ?

— Eh oui ! Ne vous ai-je pas dit que ces hommes étaient masqués ?

— Masqués ?

— Tous. Mais si j’avais eu le temps d’y bien regarder, j’aurais reconnu les chevaux ; c’étaient peut-être des gens de Silanus, de Lallove, peut-être même de Nuoro, qui sait ?

— De Nuoro ! m’écriai-je.

— Oui, c’est de cette manière que des gens qui veulent de l’argent à tout prix s’en procurent parfois. Ils se rassemblent au nombre de vingt ou trente, se masquent et vont la nuit, soit attendre la diligence, soit attaquer une maison, où ils savent qu’il y a de l’argent. Le coup fait, ils regagnent leur maison avant l’aube et nul n’a rien vu ; car si quelque voisin s’aperçoit d’une rentrée suspecte, il n’oserait en ouvrir la bouche, de peur qu’un jour on ne le trouvât mort, percé d’une balle au détour d’un chemin.

— Savez-vous que cela est épouvantable ! Franchement, j’aime mieux les brigands légendaires, habitants des cavernes et des forêts. On sait du moins avec eux à qui l’on a affaire, tandis que de ni votre entou-