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mon regard se glissa dans l’intérieur, et j’y un homme pâle couché sur les coussins…

— Effisio…

Il me regarda, m’appelant du regard, tandis que je m’élançais dans la voiture.

— Qu’est-il arrivé chez de Ribas ? me demanda-t-il d’une voix faible.

— Rien répondis-je, sentant bien qu’il fallait mentir.

— Ah, tant mieux ! fit-il avec un soupir de soulagement. Nous pouvons donc espérer… Ah ! que j’ai souffert de ce retard !…

Il oubliait sa blessure, et pendant ce temps j’entendais raconter que la voiture de Nuoro à Macomer avait été attaquée par les brigands, qu’Effisio l’avait défendue, et une narratrice de seconde main affirmait à deux pas de lui qu’il était mortellement blessé.

— Ce n’est pas vrai, me dit-il en souriant ; ce ne sera rien, si mon oncle me rapporte une bonne nouvelle.

On conduisit la voiture jusqu’à sa porte, et nous le montâmes péniblement dans sa chambre. Un médecin était venu ; mais Effisio ne voulut se prêter à aucun pansement que son oncle ne fût parti. Je sortis avec le vieillard, sous prétexte de lui servir un rafraichissement et je lui dis la fatale vérité : Nous avions été prévenus ; de Ribas était enchanté d’avoir Tolugheddu pour gendre.

— Cependant, observai-je, si je ne me trompe, il n’y a pas de parole donnée et la réponse est renvoyée à huit jours.

— C’est l’usage ici, me dit don Louis Cambazzu, de ne point donner une réponse immédiate ; on renvoie même souvent le prétendant à un mois, à plusieurs mois quand la demande ne plaît pas ; et huit jours est le délai le plus favorable, quand on ne veut pas avoir l’air de donner sa fille au premier mot.

— Toutefois, répliquai-je, la parole n’est pas donnée ; c’est un grand point ; de Ribas n’est pas engagé ; Grazia est pour nous, et l’on peut espérer qu’à force d’instances, de justes observations… Représentez à de Ribas qu’il ferait le malheur de sa fille ;