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quiète. Son regard anxieux interrogeait la rue ; elle tressaillit en m’apercevant. Que pouvais-je lui dire ? J’hésitais à m’approcher, quand de Ribas me frappa sur l’épaule ; il revenait de la chasse :

— Entrez donc, me dit-il.

Maintenant, je commençais d’entendre le sarde ; nous pouvions causer un peu.

— Vous êtes seul ? me demanda-t-il.

— Oui. Effisio est allé faire une course à cheval.

— Eh ! bien, dinez avec moi.

Nous nous mîmes à table et Grazia vint nous servir ; ses yeux me faisaient mille questions. Pendant que de Ribas gourmandait son fils, nous pûmes échanger quelques-mots : je lui dis à la hâte qu’Effisio, parti la veille vers sept heures, n’était pas encore de retour.

— Que lui est-il arrivé ? murmura-t-elle.

— Je vais, lui dis-je, monter à cheval et aller à sa rencontre.

La jeune fille soupira profondément :

— J’ai fait cette nuit des rêves de malheur. Oh ! que n’est-il ici ?

Le repas s’achevait, et j’en attendais la fin impatiemment pour pouvoir quitter mon hôte sans impolitesse, quand parut sur le seuil un vieillard dont la présence me causa un grand saisissement. Était-ce ?… Non, hélas ! j’avais déjà vu cet homme quelque part… Je regardai Grazia ; elle était pâle comme un lis. Il n’y avait pas de doute : c’était Basilio Tolugheddu.

Grazia disparut par une porte latérale.

— Que la bénédiction de Dieu soit avec vous ! dit le nouveau venu.

— C’est vous, Basilio Tolugheddu ! s’écria de Ribas, en allant au-devant de son hôte. Eh ! que de temps qu’on ne vous a vu ! Que demandez-vous de moi ?

— La perle de votre troupeau, répondit le vieillard en s’avançant.

Et il promenait ses regards autour de la chambre, comme s’il eût cherché quelqu’un,