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eau, et, l’amour-propre aidant, plus d’une pensa peut-être que ce pouvait être pour elle que nous venions là, Elles ne nous trahirent pas.

Il en fut ainsi jusqu’au dimanche, où nous devions rencontrer Grazia au bal. On dansait sur une éminence, non loin de la maison de Ribas.

Effisio m’avait fait entendre qu’il voulait ce jour même faire l’aveu de son amour à Grazia, et obtenir d’elle la permission de la demander en mariage.

Si le père lui répondait, suivant la coutume : « Bien, mon enfant, tu es un garçon honorable. Dès à présent tu es mon fils, et ma maison t’est ouverte, jusqu’au jour où tu pourras te marier. »

Alors Effisio se mettait à la tâche, suivant mes conseils, améliorait son troupeau et ses cultures, et deux ans après, quand déjà les résultats commenceraient à se faire sentir, il épouserait Grazia et continuerait, avec son aide, d’embellir et développer son domaine.

— Mais pendant ces deux ans, avais je objecté, si de Ribas venait à être tenté d’une autre alliance ?

— Un tel danger n’existe pas, m’avait répondu Effisio ; les fiançailles sont aussi sacrées que le mariage ; il n’y a presque pas d’exemple qu’elles soient rompues, surtout par l’action. des parents. En cas d’infidélité, le coupable tombait autrefois sous la vengeance de l’offensé ou des siens. Aujourd’hui, les choses tendent à se passer plus doucement, mais la parole n’en est pas moins respectée, et bien peu de mariages se font ici, sans avoir été précédés de fiançailles de deux à trois ans.

— Quelle patience ont vos amoureux !

— Eh ! me dit-il, ils n’en ont pas toujours. Alors, quand la chose est trop flagrante, on presse le mariage ; mais cela n’entache point l’honneur, car on était l’un à l’autre pour la vie, du consentement de tous.

En songeant à cette coutume, que je trouvais excellente et faite pour prolonger aussi longtemps que possible le temps des chastes