Page:Leo - Grazia.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

FEUILLETON DU SIÈCLE. — 1er  MAI 1878.

(7)

GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

III. — (Suite.)

— Qu’est-ce ? demandai-je à Effisio.

— Il a fait allusion aux jalousies de femmes, que révèle parfois le graminatorgiù et aux changements qu’il peut causer dans les cœurs.

— Tolugheddu serait-il un don Juan ?

— Il y a en Gallura, comme partout, de simples débauchés, me dit Effisio d’un ton sérieux, mais pas de don Juan ; car le rôle ne serait pas tenu longtemps ici ; on ne séduit pas les femmes et les filles honnêtes, à moins de vouloir en finir avec la vie.

— Diable alors que se serait-il passé entre Antioco et Raimonda ?

— Je ne sais ; ils ne sont pas fiancés, du moins officiellement. Il y aura eu des galanteries, des aveux, une promesse verbale. Dans ce cas, il faudra bien qu’il la tienne, et je ne serais pas fâché de ne plus voir ce bellâtre rôder autour de Grazia,

— N’ayez peur, puisqu’elle vous aime.

— Je n’en sais rien, et d’ailleurs…

Il soupira.

Depuis quelque temps, les mains s’agitaient avec une activité fiévreuse ; de rapi-