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fait dire par Nieddu que c’était l’hymne national de France.

Ils écoutèrent avec attention, et après le premier couplet, dont, il va sans dire, ils ne comprenaient pas un mot, ils me prièrent de répéter encore. À la quatrième fois, la guitare essaya un accord et des voix accompagnèrent le refrain. Je dus promettre de leur apprendre cet air, et quand ils apprirent que c’était un hymne de guerre et d’indépendance, ils déclarèrent qu’ils y adapteraient des paroles dans le même sens.

On ne s’occupait plus de Raimonda et Tolugheddu se tenait un peu à l’écart. Nieddu refusa de chanter, et ce fut Pietro de Murgia qui, s’étant assis auprès du guitariste, entonna cette chanson d’amour :

L’amour m’a frappé
D’une flèche pénétrante,
Pourtant d’être amant
Je ne le prends point à déshonneur[1].

Les couplets suivants peignaient le martyre de la vie amoureuse et la chanson se terminait ainsi :

Ah ! si je ne suis pas aimé,
Je vais mourir de douleur.
Mais d’un tel malheur,
Amour par toi je suis délivré[2].

Pendant cette chanson, que le brun jeune homme avait soupiré d’une voix langoureuse, la guitare l’avait constamment accompagné de ses deux accords plaqués, jetés l’un sur l’autre à temps égal. Ni le chanteur, ni l’accompagnateur, ne savaient une note de musique ; pourtant, si l’effet est monotone, il n’a rien d’offensant pour l’oreille, ce qui


  1. Me has lanzadu amore,
    Gum frizza pénétrante.
    Pero d’essere amante,
    Non l’happo a disonore…


  2. Ma se non so amadu,
    Eo morio d’affano.
    Pero dao tale danno,
    Dea te amore sono istaddu liberaddu.