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il connaissait bien Effisio Cambazzu ; je l’attendis.

Autour de la diligence, près de la porte du bureau, se trouvaient une douzaine d’hommes, les uns indigènes, vêtus à peu près comme ceux que j’avais rencontrés sur la route, les autres portant cet habit européen, qui semble destiné à couvrir la terre jusque dans ses coins les plus reculés. Ceux-ci me regardent avec la superbe indifférence de tout civilisé pour son semblable, quand ce semblable est un inconnu. Mais, en voyant mon air embarrassé, deux ou trois des indigènes viennent à moi, et m’adressent la parole dans une langue étrangère. Je leur demande en italien s’ils veulent me conduire à l’hôtel ? Ils se regardent et recommencent à me parler en ce même langage que je n’entends point.

Ne pouvant causer avec eux, je les contemple, charmé de pouvoir les examiner de plus près que ceux de la route. L’un d’eux, au lieu du manteau à capuchon, porte un grand gilet de cuir tanné, sans manches, et sur la tête un bonnet de laine noire à bout très-long et obtus : le bonnet phrygien ! Un autre, plusieurs autres, sont couverts d’un long vêtement de peaux de mouton, de couleur noire. C’est… assurément, c’est la mastrucca ! Et voici devant moi, dans sa majesté sauvage, le Sarde du temps de Cicéron, d’Annibal, et probablement des Phéniciens, de Sardus, peut-être !

Bientôt, à regarder mieux, je m’aperçois, non sans étonnement, que sous le manteau à capuchon, se trouvent généralement rassemblés tous les vêtements que j’ai décrits : gilet de cuir, mastrucca et bonnet de laine. Cependant, il fait un soleil de fin d’avril dont les rayons sont assez brûlants. Il me paraît que les Sardes n’aiment pas à s’enrhumer.

De l’autre côté de la rue, un groupe de femmes contemplait aussi ce voyageur aux vêtements poudreux, à l’air étranger, qui semblait ne savoir ce qu’il devait faire. Leur