Page:Leo - Grazia.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus prétentieuses que celles des autres jeunes gens. Effisio me dit son nom : Pietro de Murgia.

— Est-ce un don aussi ? demandai je.

— Il voudrait le faire croire, mais personne ne lui accorde ce titre ; il est pauvre ; surtout, il est peu aimé.

Une rumeur nous fit tourner les yeux du côté de la porte. C’était Antioco Tolugheddu qui descendait de cheval et qui bientôt s’avança dans tout l’éclat d’une mise recherchée. Est-ce parce qu’il venait d’Oliéna qu’il arrivait le dernier ? où bien avait-il voulu produire de l’effet par son entrée ? L’expression de sa figure et sa toilette donnaient lieu à cette dernière supposition. En le voyant, je ne pus m’empêcher de sourire. Pour peu que l’on ait voyagé, si peu observateur que l’on soit, j’entends observateur psychologue, on a bien vite reconnu, au travers des races nationales, ou soi-disant telles, certains types humains, toujours les mêmes en tous lieux et qui existent, à part des classes, aussi bien que de sexes et des nationalités. En voyant arriver Antonio Tolugheddu, dans cette réunion de montagnards galluriens, il me parut, abstraction faite du costume, assister à l’entrée de n’importe quel beau, dans n’importe quel salon ou chambrée.

Le costume d’ailleurs n’avait rien qui rabaissât le personnage, au contraire.

Il portait un capolu (prononcer capotou) de forme nouvelle, appelée dans le pays capotu serenicu, plus large et plus long que l’autre, de couleur brune, bordé de rouge, et richement orné, aux manches, aux poches et au capuchon, de velours rouge tailladé. Il se promena ainsi quelque temps, puis, s’étant débarrassé de ce vêtement, il se montra dans le costume oliénais, peu différent de celui de Nuoro et peut-être plus gracieux.

La différence consiste en une casaque rouge, ou rouge et bleue flottante, au lieu de justaucorps. Cette casaque n’était pas en velours de coton, selon l’usage du pays, mais en velours de soie, ornée aux man-