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tiers la joie de ne rien faire. Toutefois, il ne fallait que le convaincre ; dès lors, il se trouvait prêt à tout.

Je le vis, subitement épris de mes visées, partir à ma suite, pour me dépasser bientôt. Il acheta en un clin d’œil pour plus de cinquante mille francs de bétail et d’outils nouveaux, puis, se ravisant tout à coup : Mais je n’ai pas le son, mon cher ! Comment voulez vous que je puisse faire seulement le premier pas ? Tout ce que produisent mes terres et mes troupeaux en sus de ma nourriture et de celle de mes travailleurs, je le donne à l’esattore (percepteur). Il ne m’en reste rien, ou plutôt je n’en ai pas assez, puisque le fisc a fait vendre l’année dernière pour se payer, une de mes pièces de terre.

— Est-il possible ? Combien payez-vous donc ?

— Sept cents francs.

— Et vos terres vous rapportent moins que cela ?

— À peine, frais déduits. Je suis le fermier de l’État, rien de plus. Et je ne suis pas le seul au moins, ne le croyez pas. En Sardaigne, elles sont nombreuses, les propriétés dont l’esattore fait vendre chaque année un morceau, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Il est vrai qu’on ne trouve pas toujours d’acheteurs. Qui désire acheter pour augmenter ses impôts ? On ne se soucie guère de ne travailler que pour le gouvernement.

— Mais aussi votre agriculture est déplorable.

— Eh ! sans doute ! mais comment faire autrement ? Vous voyez bien que je ne puis pas ; on nous reproche d’être paresseux ; nous sommes découragés.

Sans vouloir chicaner Effisio sur ce point, je m’occupai des moyens de le mettre à même de commencer des réformes, et je me fis fort de lui trouver 2, 000 francs à emprunter. Il accepta avec enthousiasme et reconnaissance, et nous passâmes la moitié de la