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des distances (de trois à six lieues) sur la surface de l’ile.

Dans cette donnée, on pourrait du moins imaginer que ces bourgs sont des agglomérations de maisons rurales, autour d’un quartier commerçant et bourgeois ? Rien de tel ; l’habitation du plus riche paysan est une simple maison, avec une cour, souvent privée de jardin. Pas d’étables, pas d’écuries, pas de granges, pas de fumiers. Le foin est plus que rare ; le blé se bat dans les champs ; le bétail couche en plein air, aussi bien sous la pluie, la neige et la gelée, que pendant les grandes chaleurs, et il vit de paille hachée, de joncs, ou de pacage. Pour travailler ses terres, le paysan sarde a souvent deux ou trois lieues à faire, et il part à trois heures du matin, à cheval ou en char à bœufs, arrive avec des bêtes fatiguées, pour travailler à la chaleur du jour et revient le soir, écrasé de fatigue, mais n’osant coucher dehors ; car il pourrait avoir à subir une attaque nocturne, où son bétail lui serait enlevé, où peut-être lui-même perdrait la vie. « Pourtant, même en de telles conditions, un meilleur emploi des ressources naturelles, et des soins intelligents, obtiendraient des résultats immenses, car la terre en Sardaigne est étonnamment fertile et accomplit ce miracle de produire toujours, sans pluies, sans irrigation, sans fumier, presque sans culture.

Je revins donc à la charge près de mon ami sur le devoir, pour tout homme plus instruit que ceux qui l’entourent, de donner l’exemple, et d’élever le niveau du bien-être et de l’intelligence dans son pays.

Ce n’était pas une nature à proprement dire active que celle d’Effisio ; mais plutôt rêveuse à l’ordinaire ; ses élans de cœur et de conscience le portaient aux choses héroïques ; mais à part cela il avait la nonchalance des Méridionaux. Après sa fugue européenne, il se retrouvait parfaitement Sarde, heureux de vivre à cheval, le fusil sur l’épaule, l’amour au cœur, et goûtant volon-