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noirs, de tête et jambes fines ; et à l’aspect de ce costume étrange, de des armes, de ces têtes brunes, au type assez fin, et de ces petits chevaux maigres et nerveux ; sur lesquels semble soudé le cavalier, on croit voir des hommes de race arabe bien plutôt qu’européenne. Je me rappelle alors que le roi maure Musat, le vaillant pirate, a conquis foute la Sardaigne, et l’a possédée pendant cinquante ans, après de longues incursions et invasions de ses congénères. Et que les historiens sardes nous présentent Sardus, chef d’une colonie de Libyens, comme le principal colonisateur de l’ile. Une médaille au nom de Sardus pater, fils d’Hercule, atteste même le fait. — Dois-je ajouter qu’elle est postérieure au fabuleux colonisateur ?

Nous traversons, au milieu de ce désert, une oasis étonnamment fertile oliviers, amandiers touffus, au-dessous croissent encore d’épaisses moissons desquels

— C’est là le trésor de Nuoro, me dit le conducteur, et il me montre en même temps, au haut de la montagne, deux clochers, au-dessus d’un groupe de constructions, qui, de là, produisent le plus pittoresque effet. Nous sommes au revers sud et nous courons le long d’une large et rugueuse montagne, garnie de rochers abruptes, de chênes-liéges, d’yeuses et d’olivastri, qui se déploie comme un paravent en face de Nuoro, — au-dessus d’un ravin à demi cultivé, qui va de plus en plus verdoyant jusqu’aux profondeurs où coule un maigre ruisseau.

Vingt minutes après, nous avions atteint la cime du plateau élevé sur lequel est bâti Nuoro, et bientôt la diligence s’arrête.

Je m’attendais à voir Effisio à l’arrivée, car je lui avais écrit de Gênes deux jours avant mon départ, sans penser, avec la confiance d’un habitué des postes continentales, que ma lettre ne pouvait arriver plus tôt que moi. J’ai appris plus tard que les vapeurs postaux ne partent pour la Sardaigne que deux fois par semaine. Effisio n’était donc point là. Le conducteur avait disparu ; mais