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— Hélas, non ! me dit-il, vous n’êtes plus l’hôte de don Antonio et je ne suis pas le fiancé de Grazia.

Il m’expliqua alors qu’un jeune homme ne pouvait aller fréquemment dans une maison, où se trouvaient des jeunes filles à marier, sans avoir le titre officiel de fiancé. Alors vos usages sur ce point ressemblent fort à ceux du grand monde. Et comment se connaît-on ?

— On se voit, on se parle à la danse, aux fêtes, voilà tout. Je pourrai vous accompagner de temps en temps dans la maison ; mais, à moins d’un bon prétexte, il faut attendre que de Ribas nous y appelle lui-même.

— Qu’allez-vous donc faire ?

— Il faudra bien risquer ma demande. Mais je suis terrifié par la crainte d’un refus ; de Ribas est ambitieux et je suis pauvre.

— Vous avez vos troupeaux et votre fusil, le vivre en un mot et le couvert. C’est assez.

— Je n’ai pas deux ou trois mille francs à mettre en cadeaux de fiançailles ; je ne possède que les bijoux de ma mère.

— Ils suffiront.

— Non ; de Ribas en serait humilié ; il veut un gendre magnifique.

— Mais vous n’êtes pas le premier venu ; vous êtes comme de Ribas de noble famille, beaucoup plus instruit que les autres jeunes. gens d’ici ; vous avez vu le monde, vous avez suivi Garibaldi.

— Eh ! cela peut-être ne plaidera pas en ma faveur. De Ribas est routinier.

— Sa fille l’emportera, elle dira qu’elle vous aime.

— Elle ne l’oserait pas !

— Allons donc ! On ose toujours quand on aime.

— Vous ne connaissez pas ce pays.

Tel fut le dernier mot d’Effisio sur ce sujet, et il resta ; triste jusqu’au moment où nous entrâmes chez lui et où il s’empressa de me faire les honneurs de sa maison.