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habitants, il n’y a pas un boulanger. Quelques familles font du pain au-delà de leur consommation et le font vendre par de petites filles qu’on voit assises dans la rue près de leurs corbeilles. C’est tout ce qu’ont pu obtenir les besoins de la colonie continentale, pourtant assez nombreuse. Chaque maison, à peu d’exceptions près, a son four et son meunier (molenti) ; on appelle ainsi l’âne chargé de tourner le petit moulin de pierre établi à l’un des bouts de la cuisine ; au milieu se trouve le foyer, placé tout bonnement sur le pavé et sans autre cheminée qu’un jour étroit, pratiqué dans la toiture. Dans un angle, le four, construit dans la même pièce et dont le sommet aplati sert de dressoir. La fumée avant de trouver l’issue qui lui est offerte, remplit toute la pièce ; mais la chose parait toute simple ; nul ne s’en occupe et le patient molenti ne réclame pas. C’est dans cette même cuisine que, l’âne mis dehors, couchent les garçons de la famille et les serviteurs mâles, sur des nattes, ou des pièces d’étoffe étendues à terre.

J’étudiais en liberté les détails de cet intérieur ; j’étais chez moi. Tout m’était ouvert ; chacun s’empressait de satisfaire mes désirs, et le maître de la maison lui-même, omnipotent et fier comme un patriarche, était plein de déférence pour moi. Je pouvais à mon gré causer avec Grazia, jouer avec les enfants, lire dans ma chambre, me promener seul, ou suivre mon hôte dans ses excursions. De cette dernière permission, je n’abusais guère, à cause d’Effisio, qui décemment eût éte obligé de se retirer, s’il ne m’eût pas trouvé à la maison. Je laissais croire à de Ribas, que les Parisiens étaient sédentaires, et le voyais parfois avec envie partir au galop de son cheval, et le fusil à l’épaule, pour aller, à deux ou trois lieues de là, visiter ses blés ou ses troupeaux.

Comme nous ne pouvions causer ensemble, j’étais d’ailleurs excusable de ne pas rechercher sa compagnie. Celle de Grazia, je l’ai dit, m’était accordée au nom de l’hospita-