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tion. Ils ont la tête et les épaules couvertes d’un manteau court de laine noire, grossière, orné de manches de velours noir et à capuchon pointu, qui encadre triangulairement une figure brune et animée, aux cheveux Doirs, épais et longs, à la barbe longue et noire. Sous le manteau, l’on aperçoit un pourpoint de velours bleu, bordé de rouge, omé de boutons d’argent et séparé par une large ceinture de cuir, incrustée de dessins bleus, rouges et or, d’une sorte de jupe de laine noire très courte, d’où sortent deux larges caleçons blancs, qui vont s’enfermer dans des guêtres de laine noire.

Ces gens-là nous disent bonjour amicalement, et je ne me lasse point de les regarder, quand les gémissements plus stridents des roues de leurs chars attirant mon attention, je m’aperçois avec étonnement que ces roues sont de bois plein, et non pas à jantes. C’est tout bonnement une rondelle faite de trois planches épaisses, reliées par des lames de fer. J’ai sous les yeux l’antique char de la villa romaine, contemporain de Cincinnatus, de Caton, de Varron, une antiquité vivante et parlante. Voilà qui donne une haute idée des progrès de la civilisation en Sardaigne ; il est vrai que tous les chars n’étaient pas ainsi ; quelques-uns avaient des roues à jantes.

— Oh ! me dit à ce propos le conducteur, près duquel je suis assis, sur le devant de la diligence, oh ! depuis que l’on a fait ces routes-ci, il y a bien des choses qui ont changé dans notre pays !

À l’air assez résigné, mais triste, dont il dit cela, je doute qu’elles aient changé beaucoup.

Plus loin, ce sont deux cavaliers, vêtus exactement comme les conducteurs de chars, mais qui de plus portent en travers de la selle un long fusil ; un boyau de cuir qui, me dit le conducteur, est leur cartouchière, est joint à la ceinture, et soutient une sorte de petit sabre ou de long couteau.

Ils passent à l’amble de petits chevaux