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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 27 AVRIL 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

II. — (Suite.)

Le voyant si animé, je m’abstins de lui faire les objections qui me venaient à l’esprit et continuai de lire le père Madao et le père Bresciani aussi sérieusement qu’il me fut possible, jusqu’au moment où je pus me procurer le voyage d’Albert de la Marmora, ouvrage très-érudit et très-bienveillant, que les Sardes trouvent pourtant sévère ; car ils n’admettent pas la plus légère critique, et qui ne les loue pas assez les offense. Éclairés et justes sur d’autres sujets, ils déraillent absolument sur celui-là. Mais comme leur patrie est une des plus humbles, des plus obscures et des plus souffrantes, cela m’a toujours paru plus touchant que ridicule.

Effisio était Sarde avant tout, Italien en second lieu, Français en troisième ; ses compatriotes sont ainsi généralement, et ce n’est pas à nous de leur en vouloir.

Il est très-certain que l’antiquité moderne de la Sardaigne ne saurait être contestée. Les usages de la vie domestique y sont d’une primitivité, qu’on ne voit ailleurs aujourd’hui que chez l’Arabe. À Nuoro, qui revendique le titre de ville et qui a 6,000