Page:Leo - Grazia.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous n’y tenez plus ?

— Je n’en dis pas de mal ; c’est une honnête fille ; mais avouez que dona Grazia est autrement gentille. Vrai ! je ne l’avais pas vue jusqu’ici ; ou bien, si, car je l’avais rencontrée une fois ; mais je ne sais pourquoi, à cause de la Raimonda sans doute, je n’y avais pas fait attention. Ne trouvez vous pas qu’elle a l’air d’une petite princesse ? De fait elle est fille de cavaliere, tandis que la Raimonda n’est qu’une paysanne.

— Qu’importe ? C’est le même costume…

— Non pas, dit-il en m’interrompant avec feu, comme si la chose edt eu à ses yeux beaucoup d’importance. Dona Grazia porte la casaque rouge d’une seule couleur, tandis que celle de Raimonda est rouge et bleue. Et quelle différence en tout ! Don Antonio n’est pas riche, si vous voulez ; mais il est magnifique dans ses manières. J’aime ça ! moi…

Le vin, l’excitation de la fête lui déliaient la langue et ses intentions semblaient assez manifestes.

— Bah ! qu’importe ? me dis-je, puisque Effisio est aimé.

Avant de quitter la table, de Ribas fit un petit discours où revint plusieurs fois un mot répété par les convives : Graminatorgiu, dont je demandai l’explication.

C’est l’épluchage de la laine après la tonte des moutons. On convoque à cette occasion les parents et amis pour faire l’ouvrage en commun, et cette réunion devient une fête, où le goût des Sardes pour l’improvisation, la danse et la galanterie prend occasion de se satisfaire. En se séparant chacun répéta comme une promesse de retour : Graminatorgiù !

Je passai une partie de mes dernières journées chez de Ribas à lire les histoires de Sardaigne, que m’avait apportées Effisio. Quel meilleur emploi pouvais-je faire de mon temps à notre mutuelle satisfaction pendant que les deux amants, l’un au jardin, l’autre