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trine de Grazia. Je crus à une violence ; et mis la main sur mon revolver. Mais Pietro ne fit que s’arrêter une seconde en face de Raimonda, qu’il regarda d’un air menaçant et hautain, puis, allant prendre brusquement la main de Grazia :

— Signora Tolugheddu, ce n’est pas ici votre place ! Votre père est inquiet de vous et il m’envoie vous chercher.

Je m’approchai de Grazia.

— Permettez-moi de vous reconduire, lui dis-je.

— Non ! non ! balbutia-t-elle, c’est inutile ; merci !

— Mon escorte suffit à la signora, me dit Pietro, d’un air à la fois doucereux et insolent.

— C’est l’avis de la signora que je désire, lui répondis-je.

— Elle vous l’a donné.

— Oui, dit Grazia, qui, je le vis, craignait une rixe entre nous. Je vous remercie. Restez ici. Maintenant, je vais à la fontaine.

— Il y a des servantes là-haut pour cet ouvrage, signora, et vous vous donnez trop de peine, dit Pietro en l’entraînant.

Cependant, ils descendirent ensemble, elle se trainant près de lui, qui marchait droit et superbe. Raimonda, saisie par la brusque apparition de Pietro, avait cessé de parler ; mais elle n’avait pas poussé une exclamation et était restée à la même place, immobile et fière. Quand nous fûmes seuls :

— Vous voyez, me dit-elle avec dédain, comme elle le suit, cet homme qu’elle déteste, et qui tout autant que nous a voulu la mort de son époux !

— A-t-il vraiment fourni là poudre et les balles ? demandai-je en frémissant.

— Oui ! Je vous le jure par le sang du Christ ! Nieddu n’en avait plus, et personne parmi les pasteurs ne se souciait d’en ache-