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besoin et mon père ne croira pas plus celle-ci que les autres. En outre, que peut-on croire d’une pareille bouche ? ajouta-t-elle avec mépris.

Emportée par cette rencontre au-delà de son caractère habituel, et de ses forces, Grazia subissait déjà la réaction de l’effort : ses mains tremblaient dans les miennes. Tout son corps tremblait. Cependant, elle s’appuya contre la roche, à portée d’entendre ce qui se disait et je retournai vers Raimonda.

— Me voilà prêt, lui dis-je, à vous entendre. Et j’espère n’avoir pas besoin de vous prier de ne laisser désormais sortir de votre bouche aucune injure pour les personnes qui me sont amies.

Elle eut un sourire sardonique, en regardant la colombe blessée qui s’abritait du combat, et me dit :

— Je veux bien. Après tout, pour ses forces à elle, c’est assez. Je veux vous dire ceci : Tout autre que don Antonio se serait défié de Pietro de Murgia, après ce qui a été révélé dans le procès. Tout le monde a bien vu qu’en faisant échapper Nieddu, quand les Tolugheddu le voulaient faire emprisonner, Pietro cherchait à se débarrasser d’Antioco. Mais il y a encore une autre chose, que nous ne pouvions pas dire, et la voici : Nieddu s’est trouvé manquer de cartouches et de balles peu de jours avant… le jour que vous savez. Alors il m’a dit : Va en demander….

J’avais, un moment auparavant, entendu un pas dans le chemin et j’avais aperçu vaguement une forme humaine ; mais, comme nous étions à distance, il m’avait semblé inutile de m’inquiéter d’un passant, qui n’était pas le premier depuis notre halte en cet endroit. Il me suffisait que Grazia fût abritée contre les regards, et je pensais qu’elle l’était encore. Aussi, fus-je violemment surpris, lorsque, à la manière d’un tigre qui fond sur sa proie, Pietro de Murgia parut entre nous. Un cri de terreur s’échappa de la poi-