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tice et une infamie. Et j’ai osé la regarder et lui dire : — Tu n’es donc que marbre ? — Mais aussitôt je me suis sentie épouvantée, el quand la nonna (grand’mère) et mon père, et la mère d’Antioco, me font un devoir de la vengeance, je ne puis pas leur dire le contraire, et je trouve aussi qu’ils ont raison ; car j’ai cru ces choses-là toute ma vie, et il y a peu de temps qu’Effisio et vous m’avez parlé si différemment : Ah ! si j’étais née dans les pays de là-bas et que j’y eusse connu Effisio, quel bonheur eût éte le mien ! Mais mon existence était maudite ! Adieu, mon ami, je ne puis rester ici plus longtemps. Souvenez-vous de la pauvre Grazia ! Et consolez Effisio. Dites-lui bien que je l’aime de tout l’amour de mon âme, et que cette fois je lui resterai fidèle.

Je ne voulais pas la laisser partir sans avoir trouvé quelque moyen de la revoir, de nous entendre ; mais elle était si agitée que je ne pus insister longtemps, d’autant plus que je ne voyais pour le moment rien à lui proposer, rien à faire.

— Quand vous serez de retour à Nuoro, lui dis-je, essayez du moins de prendre les lettres d’Effisio et de lui écrire.

— Oui oui ! me répondit-elle, en me quittant.

Afin de la mieux dérober aux regards de ceux qui passaient, je l’avais placée dans un angle aigu, formé par les rochers. Je fis quelques pas en dehors, afin de voir si elle pouvait rentrer dans le chemin sans être aperçue. Une femme se trouvait là, qui en me voyant poussa une exclamation et courut à moi.

— Raimonda !

Je n’eus pas le temps de prendre un parti qu’elles étaient face à face.

— Je vous cherchais, je veux vous parler… me disait Raimonda.

Mais la voix mourut dans sa gorge et Grazia recula comme devant une vipère, en s’écriant :