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me fit un signe à la fois d’acquiescement et de prudence. J’attendis.

Cependant, la messe tirait à sa fin ; déjà, de temps à autre, quelque femme se levait en se signant, et sortait. Chaque ménagère avait la fièvre des apprêts du jour. Au fond, tout le monde savait bien que la dévotion n’était pas la principale affaire en tout ceci, et ce bon peuple était trop ingénu pour y mettre de l’hypocrisie ; on taillait donc au plus court la part du bon Dieu et de la Madonna. Je regardai Grazia de nouveau ; elle me montra du coin de l’œil une porte latérale ; aussitôt sans bruit, lentement, je sortis et m’arrêtai sous le porche, devant une peinture baroque, à laquelle je feignis de m’intéresser vivement. L’une après l’autre, deux femmes sortirent, passant près de moi. Puis une troisième ; Grazia.

— Tâchez, lai dis-je rapidement, d’aller seule à la fontaine ; je vais vous attendre sur le chemin, derrière le gros bloc de rochers. Il faut que je vous parle.

— Moi aussi !… dit-elle, je voulais… À bientôt !

Elle passa. Nul n’avait été témoin de notre court entretien et le petit porche où nous étions donnait sur une partie de l’enceinte, alors solitaire. Pour plus de sûreté, je rentrai dans l’église d’un air flâneur, examinai successivement les atroces peintures qui l’enluminaient, et sortis de l’autre côté, donnant sur la campagne.

Je gagnais par là le chemin de la fontaine, espérant n’être observé de personne, quand retournant la tête, je vis d’assez loin, près de l’église, Raimonda, qui me regardait et, à ce qu’il me sembla me fit signe ; mais je n’avais pas le temps de m’occuper d’elle, et je devais descendre au plus tôt à l’endroit indiqué, au cas où Grazia pourrait venir de suite. Je continuai donc ma descente et pour éviter les commentaires, je pris par le bois, non par le chemin. Arrivé au, bloc de rochers, je m’y glissai de manière à voir sans être vu, et j’attendis.