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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 14 JUIN 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE

XXI. — (Suite.)

Après une halte, je revins à pas lents vers la fête ; c’était l’heure de la messe, et tout le monde était dans l’église, sauf un certain nombre d’hommes, qui jouaient aux cartes ou causaient entre eux, et de femmes qui s’occupaient de cuisine. Parmi les joueurs, était Pietro de Murgia, assis à une table et si préoccupé qu’il ne me vit pas. J’entrai dans l’église. Au milieu du groupe de femmes agenouillées sur les dalles, était Grazia, pâle, affaissée, mais inquiète, en sorte qu’il me fut aisé d’attirer son attention. J’allai me placer avec les hommes près du chœur, du côté de l’église opposé à celui où se trouvait Grazia, de manière à pouvoir sans affectation la regarder. Bientôt, nos yeux se rencontrèrent et je mis dans les miens tout le désir que j’éprouvais de lui parler ; elle comprit — que pouvait-elle comprendre autre chose ? — et sa paupière, doucement agitée,