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— Doit venir faire une neuvaine à la Madonna, dis-je en achevant sa phrase. Ô catholicisme ! farouche ennemi de la nature et de l’amour !…

Césare Siotto rit à ce propos et me raconta quelques chroniques ; puis il dit :

— Mais avouez-moi la vérité. Est-il vrai qu’Effisio aime la belle Grazia de Ribas, veuve Tolugheddu, et qu’il est au désespoir de se voir préférer par le père seul à ce qu’on assure — ce grand coupe-jarret de Murgia ? Tout le monde le dit. Quant à la belle, elle est lamentablement triste ; il n’y a pas à le nier ; et que ce soit pour l’époux mort, je ne le crois guère. Mais comment Effisio ne m’a-t-il pas parlé de cela ?

— Il n’en parle à personne ; c’est un amant sérieux.

— Bah ! il faut qu’il se console. Tenez, je lui connais, moi, une fille ravissante, que j’aimerais si ce n’était Adela. Mais Adela ! mon cher…

Il se mit à exalter les charmes de son adorée et me montra en confidence un ruban qu’elle lui avait donné. Je l’écoutais distraitement, car je venais d’apercevoir Effisedda sortant, en simple jupon, d’une chambre, à peu de distance. La jolie enfant n’était pas de celles qui perdent à se montrer sans toilette. Elle avait la tête nue, une énorme tresse de cheveux noirs battait ses épaules, et sa jupe courte et sans corset dessinait une flexion de taille gracieuse, des hanches déjà saillantes, et laissait voir, grâce à des mouvements étourdis, une jambe déjà pleine et bien faite. Elle ne fit que passer comme un oiseau, puis revint, m’aperçut, fit un petit cri et voulut courir vers moi ; mais alors un mouvement de pudeur naissante la prit. Je la vis rougir, elle rentra dans la chambre et revint peu après, un châle sur la tête ; mais bras et jambes nus comme auparavant. Pour la Norésienne, comme pour beaucoup encore de nos paysannes de France, l’essentiel est d’avoir la tête couverte.

— Ah ! te voilà, me dit-elle, les joues ani-