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que, c’est que les toilettes n’étaient pas achevées. À cette heure matinale, on voyait de jeunes, et même de vieilles, beautés, soit par les portes ouvertes, soit allant de çà et de là, dans l’appareil négligé de femmes qui font leur toilette du matin en famille. Des jeunes gens, en simple chemise et pantalon, se lavaient la figure dans les seaux apportés de la fontaine ; des enfants demi-nus couraient, échappant à leurs mères ou à leurs bonnes. Tous ces fidèles de la neuvaine, établis là depuis neuf jours, vaquaient à leurs affaires sans cérémonie. D’ailleurs, l’état des habitations excusait ce laisser-aller. Il eût fallu pour loger tout ce monde au moins un village, et l’on ne voyait autour de l’église que de petites chambres sans fenêtres, pareilles à des étables, et peu nombreuses. en Chacune d’elles pourtant devait contenir une famille et ses invités. Introduit par Cesare Siotto, je pus voir un de ces intérieurs dans tous ses détails : c’était le long d’un mur une rangée de matelas, à laquelle faisait pendant, de l’autre côté, une rangée de feuilles, et là-dessus des couvertures ; au milieu, une et table chargée d’ustensiles. La cuisine se faisait généralement en plein air.

— Ceci, me dit Cesare Siotto, en me montrant la rangée de matelas, ceci est le côté des femmes — et là — en montrant la rangée de feuilles — le côté des hommes.

Je me mis à rire.

— Et vous, que venez-vous faire là ? lui demandai-je.

Il fit un grand geste en levant les yeux au ciel d’un air langoureux.

— Ah ! mon cher ! figurez-vous quelles révélations ! quelles rencontres ! quelles familiarités forcées !… Un enchantement 1… On fait plus de chemin ici en une heure qu’à la ville en deux ans, Et des surprises !… Figurez-vous : j’étais venu pour Clotilda M…, je suis maintenant amoureux de la délicieuse Adela P… Il y en a qui perdent énormément à ces indiscrétions, d’autres y gagnent. Un homme qui veut s’éclairer, qui à le culte de la beauté…