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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 18 JUIN 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE

XX. — (Suite.)

La situation de Murgia était en effet très forte et il avait besoin de moins d’éloquence que nous ne l’avions pensé pour persuader de Ribas de son innocence. Qu’allait-il se passer entre eux ?

Un billet de Grazia, le lendemain, nous apprit que le jour fatal s’était écoulé sans qu’on lui rappelât sa promesse d’accepter Pietro sans autre délai. C’était de bon augure. Le jour suivant, Quirico vint me chercher de la part de son père. Don Antonio m’attendait dans sa chambre, à côté de la salle commune, assis à une table, où je vis une assiette de pâtisserie et une bouteille de vin. J’eus froid au cœur dès le premier coup d’œil, en voyant sa contenance embarrassée. Il me dit, aussitôt que nous fûmes seuls :

— J’ai parlé à Pietro sans vous nommer de cette accusation de grassazione. Eh bien ! mon cher, vous vous êtes trompé. Pietro me l’a avoué : il venait d’un rendez-vous d’amour