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Pour moi, j’étais là en simple spectateur, ne disant mot, et je sentais bien que je les gênais ; mais je n’eusse consenti pour rien au monde à les laisser ensemble seuls, de peur d’une indiscrétion de Cao. En outre, j’avais quelque chose à dire, et profitai pour cela d’un silence.

— Je vous ai emporté hier cette boite d’allumettes, dis-je à Cao en lui montrant la boite de Pietro de Murgia. Permettez-moi de la garder comme un souvenir, et de vous en offrir une autre.

Et je posai près de lui une autre boîte. Cao ne comprit sans doute pas mon intention ; car il me regarda d’un air haineux, sans rien dire. Don Antonio sentit que j’avais voulu établir ma preuve et je le vis à son air. Il essaya de confesser Cao et de lui faire nommer ses complices ; mais il avait affaire à plus fin que lui ; le mercier ne laissa rien échapper, se retrancha derrière son honneur, et continua de se plaindre du sort, à qui seul était la faute. Le plus fort, c’est qu’il réussit. Je vis avec épouvante don Antonio s’attendrir à ses bonnes raisons, et prendre congé de Cao, en lui offrant ses services et en lui serrant la main.

— C’est parfaitement vrai, me dit-il, quand nous fûmes dehors, qu’on a bien du mal à vivre, et que le gouvernement nous ruine, comme le font de leur côté les usuriers. Jusqu’aux étrangers qui viennent acheter nos terres ! On a ses besoins ; on veut un peu de plaisir ; on ne saurait souffrir d’être plus mal mis que les autres ; on a, comme Cao, des enfants à élever, et voilà comment on se laisse entrainer ; puis voyez-vous…… c’est une mauvaise habitude de ce pays ! Moi, je n’ai jamais voulu tremper là-dedans, bien que j’aie eu plus d’un embarras. Une fois, on est venu pour m’emprunter un fasil. Je savais pourquoi, j’ai refusé. Je fais tout ouvertement - Enfin vous avez vu : Cao m’a promis de ne plus recommencer, et j’espère qu’il tiendra sa parole.

Cependant, il ne parlait plus de Pietro de