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sorte soufflé son nom, dans l’attaque du presbytère, quand j’étais bien loin de penser à lui, et toutes ces apparences corroborées par les deux preuves matérielles, que je remis en leur jour. Ensuite, je rappelai à don Antonio la révélation du procès de Nieddu, que Pietro n’avait expliquée à son avantage qu’en s’appuyant sur le témoignage d’un homme qui ne pouvait le démentir, le malheureux Antioco. Je le priai de se souvenir de la consternation qu’avait marquée Antioco lorsqu’il avait appris la faite de Nieddu ; il n’en était donc point complice, et l’explication de Pietro n’était qu’un mensonge pour couvrir une trahison. En somme, le résultat de la fuite de Nieddu avait été la mort d’Antioco. Pietro de Murgia, il ne fallait pas l’oublier, avait été amoureux de Grazia, dès le retour de celle-ci à Nuoro, et l’avait demandée en mariage avant Antioco, avant Effisio. Dans tous ses conseils, malgré l’amitié bruyante qu’il affectait pour Antioco, il n’était pas difficile de démêler la perfidie d’un rival. Enfin, je n’étais pas le seul à soupçonner de Murgia d’être grassatore. Beaucoup se demandaient comment, sans fortune et sans travail, il subvenait à des dépenses de café journalières, et pouvait compter parmi les plus élégants du pays.

— Il a fait un héritage, Santo casso  ! s’écria don Antonio, dont ce n’était pas la première exclamation.

— Il le dit. Seulement, beaucoup en doutent, et si tous ne peuvent lui demander la preuve de ce fait, vous le pouvez, vous, et vous le devez, comme père. Qu’il vous montre les pièces notariées.

— Il me les montrera, per Bacco ! à moi et à d’autres ! dit de Ribas. Puisque les choses en sont là, il faudra qu’il se justifie devant tous, Oui, et je pense qu’il le fera, millioni di diavoli ! C’est une chose terrible qu’on puisse ainsi accuser un noble garçon. Je lui dirai tout, sauf votre nom. Il se défendra !