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-Don Antonio de Ribas, dis-je en le re- gardant de très-haut, je ne suis pas un ca- lomniateur.

-Non, répondit-il en se radoucissant ; mais vous détestez Pietro.

-Je ne l’aime pas, très-sûrement ; mais cela fait-il que j’aie pu voir des faits qui n’existaient pas ?

Vous avez vu en ennemi.

Je vous ai parlé de preuves.

Don Antonio s’arrêta ; car il avait repris sa marche, ou plutôt il marchait pour s’agiter.

Voyons, me dit-il, voyons vos preuves.

Pardon, répliquai-je ; moi je n’ai pas dans les veices du sang d’hidalgo, mais je me respecte assež pour ne rien vouloir dire à qui doute de ma parole.

De nouveau, don Antonio souffla et piétina.

Je ne doute pas de votre parole, mais comment pourrais-je croire que Pietro est un grassatore ? Un garçon franc comme l’or ! Est-ce que je ne sais pas, moi, tout ce qu’il fait ? Ce que vous dites, ça me fait l’effet d’une étoile en plein midi !

Je ne répondis pas ; je marchais lentement, et d’un air de répugnance, à ses côtés ; lui- même n’avançait guère. Il révait, s’arrêtait par instants ; je le regardais du coin de l’ail et voyais sur son front s’amasser un nuage, qui, de plus en plus, s’assombrissait. Etait- il frappé lui-même de concordances ; aux- quelles il n’avait pas pris garde jusque là ?

Enfin ! me dit il, en se tournant vers moi, contez-moi ce que vous avez contre lui ; je suis curieux de le savoir, et j’en ai le droit, puisque Pietro de Murgia est déjà com- me s’il était mon gendre.,

Non, répondis-je, ce n’est pas ainsi que fe l’entends J’ai voulu vous rendre un ser- vice d’ami. Vous m’avez traité si mal, que si je n’avais pas eu avec vous des liens d’ami- tié, je vous aurais quitté sur-le-champ. Vous me priez maintenant de satisfaire votre cu- riosité ; je n’y suis pas disposé le moins du monde. Je n’ai envie ni de vous amuser, ni de vous intéresser ; car vous m’avez blessé