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petit mercier, son ami, et même son parent, un grassatore, autrement dit un brigand, et se mit à rire de tout son cœur.

— En voilà une idée ! répétait-il, uns drôle d’idée !…

Puis il ajouta du ton le plus simple :

— Et il n’a pas tiré sur vous ?

— Parfaitement, si ! mais grâce à l’humidité du lieu, son fusil a raté.

Don Antonio se pâmait d’hilarité.

— Mais êtes-vous sûr, me dit il ensuite, qu’on ne lui aura pas renouvelé sa provision de poudre, et qu’il ne va pas nous accueillir par une volée ? Sans ça, ma foi, vous auriez eu raison de m’amener, j’aurai plaisir à le voir là-dedans. Eh ! eh ! il n’a pas peur des vieux géants, ce Cao !

Il attend votre visite, lui dis-je, et ce n’est pas vous qu’il accueillerait ainsi. Pour moi, si j’étais seul, je ne dis pas.

Cette réflexion de don Antonio me fit penser pourtant que s’il était venu quelqu’un près de Cao, dans la nuit ou dans la soirée précédente, il se pourrait fort bien qu’un guet-apens eût été ourdi, chose dont l’idée ne m’était pas venue. Mais la présence de don Antonio me servait de sauvegarde, et il n’était pas probable qu’on m’exécutât en sa présence. Toutefois, je hâtai ma confidence.

— À présent que vous avez bien ri, dis-je à mon ancien hôte, considérons le côté sérieux de l’affaire. Qu’allez-vous dire à ce mercier, qui s’amuse à joindre le brigandage à son petit commerce ?

— Ma foi, je n’en sais rien, me répondit de Ribas. Qu’est-ce que vous voulez que je lui dise ? Je ne puis pas lui faire de compliments.

— J’avais pensé que vous essayeriez de le détourner de la triste voie où il s’est engagé. Il est, m’a-t-on dit, votre parent, et s’il était pris, ce qui peut arriver un jour ou l’autre, — son déshonneur rejaillirait sur vous.

Il n’est parent que de ma femme, observa don Antonio, visiblement touché par cette considération d’honneur. Mais vous