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Don Antonio fut un peu contrarié de me voir témoin de son frugal repas, étonné en même temps de ma venue matinale. J’avais le fusil à l’épaule et lui racontai que la veille, en me promenant sur la route de Macomer, j’avais trouvé le gite d’un chevreuil, et que ce serait un grand plaisir pour moi s’il voulait m’aider à faire ce bon coup de fusil, que son adresse rendrait plus sûr. D’abord, il s’empressa d’accepter, avec l’avidité d’un chasseur, puis son sourcil se fronça :

— Après tout, je n’ai guère le temps, dit- il, Effisio vous suffira bien….

— Effisio ne vient pas,

Ah ! ah ! pourquoi donc ?

— Et vous-même, pourquoi trouvez-vous extraordinaire qu’il me soit agréable de me ménager une chasse avec vous ? Il y a si long-temps que nous n’avons causé en tête-à-tête !

— S’il en est ainsi, dit-il avec sa grande courtoisie, je vous suis obligé. Allons ! Il me força d’accepter un verre de vin et nous partîmes. J’étais sur maintenant que s’il rencontrait Pietro de Murgia, il ne l’engagerait pas à nous suivre ; il avait dans l’œil un peu d’inquiétude et de mise en garde, croyant sans doute que je voulais tenter sur lui un dernier effort en faveur de mon ami ; toutefois, il ne voulait pas refuser de m’entendre. Nous traversâmes tout Nuoro, en n’échangeant que des paroles banales ; nous descendîmes la côte et ses longues sinuosités en silence, et de Ribas, commençant à croire qu’il ne s’agissait en effet que d’un chevreuil, reprenait sa bonne humeur quand je lui dis, au moment où nous nous engagions dans le sentier qui monte au Nur-Hag :

— Vous m’excuserez, don Antonio, si le gite que je vous montre n’est pas celui d’un chevreuil, mais celui d’un animal de votre connaissance plus intime.

— Quoi ? Quel animal ? demanda-t-il étonné.

Je lui dis alors que voulant visiter la chambre intérieure du Nur-Hag, j’avais déniché Cao, dont il savait comme tout le monde la disparition inexpliquée. Il ne témoigna aucune surprise de trouver dans le