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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 14 JUIN 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE

XX

Je me levai avant l’aube pour aller trouver don Antonio de Ribas, précaution nécessaire, afin d’éviter la compagnie de Pietro, qui bien souvent ne le quittait pas du matin au soir. Don Antonio venait de se lever et grignottait pour son déjeuner quelques feuilles de papier à musique[1], arrosées d’un verre de vin. Depuis longtemps, je savais à quoi m’en tenir sur la prétendue abondance du vivre en Sardaigne ; c’est affaire d’ostentation, accompagnée d’un goût naturel pour la bonne chère, goût d’ailleurs excité et justifié par une grande sobriété habituelle. Avec mon séjour chez les Ribas, avaient cessé les rôtis succulents, les conserves, les pâtisseries qui couvraient la table. Tout cela n’a lieu qu’à l’occasion de l’étranger, et le reste du temps l’ordinaire de la famille, se borne à des soupes, ou ministre, à un peu d’agneau ou de bœuf bouilli, à des plats de haricots ou de citrouille, plus souvent du pain seulement et du fromage, même dans les bonnes maisons. À part toutefois le temps où la chasse fournit le garde-manger de gibier emplumé ou de venaison.

  1. Pain en feuilles minces.