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— C’est que je pourrai amener, ici demain, don Antonio de Ribas vous faire une petite visite. Vous n’avez point à vous défier de lui, et cela vous fera plaisir. Naturellement, vous ne lui direz pas que nous nous sommes rencontrés ici par hasard avec sa fille ; vous lui apprendriez du reste peu de chose, car il sait parfaitement qu’Effisio et Grazia s’aiment et qu’ils sont désespérés. Notre secret ne vaut pas le dixième du vôtre, et nous faisons là un mauvais marché.

— Vous pouvez amener don Antonio ! me dit Cao avec un regard qui me promettait un jour ou l’autre, quand il serait guéri, un coup de fusil.

— C’est bien ! maintenant tout est convenu et chacun tiendra ses promesses. Auriez-vous quelques petites commissions à me donner ? Vous êtes malade et je me ferais un plaisir…

— Je serai bientôt guéri ! me dit-il avec des yeux féroces ef un rire de carnassier, qui me montra ses dents blanches. Merci de votre bonté !

Nous partîmes et bouchâmes soigneusement l’entrée. Je voyais Effisio inquiet.

— Tu viens de te faire un ennemi, me dit- il, et c’est pour moi…

— Sois donc tranquille ! C’est le premier moment de contrariété. Mais un bon petit commerçant comme ça, un mercier… Ça passera.

— Tu vois comme ils sont faits chez nous ; ne t’y fie pas. Je le surveillerai de près quand il sera revenu chez lui.

— Il est certain que cette Sardaigne renverse toutes les idées. M. Prudhomme brigand pour de bon !… Qui l’aurait deviné aux manières doucereuses et expansives de ce petit homme ?

Effisedda, curieuse de ce qui s’était passé, descendait près de nous.

Mon ami courut chercher Grazia, et nous leur racontâmes, en descendant la montagne, le mot de l’énigme. Honteuse de sa peur, Grazia essayait de sourire ; mais je la voyais brisée, la pauvre femme, et dans cet état de