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me semble, bien sévère. Mon ami est libre, Grazia l’est aussi…

— Elle ne l’est pas ! reprit le mercier d’un ton solennel, puisque son père s’oppose à ce mariage, et puisqu’elle a son époux à venger. Vous ne comprenez rien à çà, vous, le Français. Aussi mon devoir est-il d’avertir don Antonio que vous voulez enlever sa fille, et je le ferai, si don Effisio ne me donne pas sa parole d’honneur qu’il ne parlera plus à Grazia.

— Allons donc ! dit Effisio, en haussant les épaules ; secret pour secret ; nous avons chacun le nôtre.

— Oui ; mais le mien, après tout, je m’en moque. Si ma femme n’est pas contente, il y a des bâtons chez moi ; tandis qu’avec don Antonio, la chose ne s’arrangera pas si aisément, ni pour Grazia ni pour vous.

— Cao, dit Effisio, vous n’imaginez pas que je sois assez simple pour croire à vos contes. Il y a autre chose et, si vous parlez, je parlerai.

— Il y a tout bonnement, dis-je, un procès en grassazione…

Cao tressaillit et me lança un regard mortel. Je poursuivis :

— Il signor Cao n’a pas été vu à Nuoro depuis le 3 juin. Or, dans la nuit du 2 au 3 juin, le presbytère de X… a été attaqué par une bande de grassatori ; le curé s’est défendu ; il y a eu un mort et des blessés ; un entre autres, m’a-t-on dit, s’est retiré en boîtant, ayant essuyé un coup de feu, tandis qu’il essayait d’ébranler la porte. La bande a dû se retirer. Avant de partir, elle a défiguré son mort, pour qu’il ne mit pas sur la trace de ses complices, et la justice n’a encore à cet égard rien découvert de précis, Mais quand elle saura que le signor Cao, ne pouvant, ou n’osant se faire guérir chez lui, de peur que l’autorité fit visiter sa blessure, et ne vit qu’elle était le résultat d’un coup de feu, a été caché dans ce Nur-Hag par ses complices, qui viennent-deux au moins que je pourrais nommer-le visiter et l’approvisionner de temps en temps… alors la justice aura une belle proie ! et pourra fe-