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terrain. Effisio alla ramasser aux environs une brassée de bois et d’herbes sèches, avec lesquelles il boucha l’entrée. Nous y mimes le feu, puis je montai à la chambre supérieure, où Effisedda, assise près de l’ouverture, tenait toujours braqué son revolver, tandis que Grazia, après avoir versé des larmes abondantes, commençait à se remettre. Je roulai une pierre au-dessus de l’ouverture, et, abrité derrière ce retranchement, de crainte d’un coup de feu en pleine figure, je dis à l’hôte, ou aux hôtes du souterrain :

— Si vous ne voulez pas être enfumés comme des loups, rendez vos armes et sortez !

Pour toute réponse, j’entendis un coup sec. C’était un fusil qui ratait.

— Bon ! me dis-je, l’humidité du souterrain ! Ils ne sont pas bien à craindre.

J’attendis encore, et n’entendant plus que de sourds jurons, proférés par une même voix, je compris enfin qu’il n’y avait là qu’un seul homme, presque désarmé, et j’eus honte de tant de précautions. Étant retourné vers Effisio, nous éteignîmes le feu, et nous entrâmes, au moment où l’homme, de son côté, criait :

— Je me rends ! Diavolo ! vous m’étouffez !

À la lueur d’un bouquet d’allumettes, nous pénétrâmes dans la chambre inférieure du Nur-Hag, éclairée au centre par l’ouverture d’en haut, et nous vîmes un homme as sis sur un lit de paille, et qui avait près de lui, comme un prisonnier dans son cachot, une cruche d’eau, et, sur une pierre, du pain et des comestibles, quelques ustensiles. Son fusil reposait à côté de lui sur la paille ; il ne songeait plus à s’en servir et sa figure, plus maussade que farouche… Sa figure !… Mais c’était… c’était Cao ! Le mercier disparu’! notre voisin ! celui que sa femme disait être à Cagliari !…

S’était-il condamné à la pénitence ?… Était-il victime d’une séquestration… Ou bien…

— Quoi ! c’est vous, Cao ? dit Effisio plein de surprise. Et que faites-vous là ?