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me également. Nous nous mimes à l’œuvre ; Après quelques minutes d’efforts répétés, une des pierres fut écartée, puis une autre, et dès lors nous eussions pu nous glisser dans l’intérieur. Mais entrer ainsi courbés, sans défense possible, sans y voir, dans ce passage étroit et obscur, c’était nous livrer aux coups de notre adversaire, à supposer qu’il n’y en eût qu’un seul. Es qui nous assurait que nous n’avions pas affaire à un repaire de brigands ? Cependant, cette entrée ainsi fermée, dont le déblaiement dépassait les forces d’un seul homme, à moins que le souterrain n’eût une autre issue, eût plutôt fait supposer une réclusion forcée, quelque séquestration criminelle. Que faire ? Un pas en avant pouvait être la mort de l’un de nous. Et cependant nous ne pouvions laisser l’honneur de Grazia à la merci de l’indiscret, ou des indiscrets, qui avaient surpris l’entretien des deux amants.

C’était au moment, me dit Effisio, où il suppliait Grazia de le suivre à l’étranger, en abandonnant ses vains scrupules, et quand, ébranlée par son désespoir, elle semblait sur le point de lui céder, c’était alors que la voix s’était élevée par l’ouverture de la chambre inférieure. Bien qu’une telle surprise, au premier instant, lui eût bouleversé les nerfs, et, malgré la frayeur insensée de Grazia, Effisio avait bien saisi les intonations, à des sein grossies et sépulcrales, de cette voix ; cela lui donnait à penser qu’il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie. Aucun rire, Aucun autre son n’avait suivi ; d’où il croyait encore pouvoir induire que nous n’avions affaire qu’à une seule personne ; mais cette personne était du pays ; elle s’était exprimée en sarde ; or, un Sarde n’est jamais sans son fusil ; donc, entrer dans le couloir, c’était la mort de l’un de nous deux au moins, de tous deux peut-être. Et ce n’était nullement atteindre notre but, qui était de saisir le coupable et de l’obliger par la terreur à garder notre secret.

Après un conseil tenu à voix basse, nous nous entendîmes. Je gardai l’entrée du sou-