auparavant nous avaient cachées. Elles montaient. L’enfant, vive et sautillante, marchait en zig-zags autour de sa sœur ; Grazia, la tête penchée de côté, comme une personne lasse et pensive, suivait lentement le sentier.
— Elles ne nous voient pas, dis-je à Effisio, retire-toi un peu ! Je vais les chercher. Il descendit dans la chambre du Nur-Hag, et moi j’allai au-devant des promeneuses, qui poussèrent chacune un cri en m’apercevant. Grazia, quand sa main toucha la mienne, était encore tout émue de la surprise.
— Venez là-haut, leur dis-je, vous aurez une belle vue.
— Oui, s’écria la petite. C’est moi qui ai dit à Grazia : Allons là-haut pendant que nos chevaux mangent. Cela m’amusera tant !
Elle fit une pause ; et tout à coup, se retournant vers moi, car elle marchait un peu en avant :
— C’est mon cœur, sans doute, qui t’a deviné, me dit-elle avec expression. Grazia se taisait ; mais je voyais bien la pensée qui l’occupait et qui, plus que la montée, lui coupait la respiration et empourprait ses joues, si pâles tout à l’heure.
— Vous êtes fatiguée ? dis-je en lui offrant le bras, comme à une Française.
Elle le prit sans hésiter, et, ainsi rapprochée de moi, murmura :
— Est-il là ?
— Qui.
— Ah !…
Un rayonnement d’amour tout aussitôt l’embellit ; elle ajouta, un instant après, un peu confuse :
— Je n’ai pas le courage de refuser de le voir encore !
— Vous ne devriez songer qu’à le voir toujours.
— Que chuchotez-vous là ? dit Effisedda en venant à côté de nous, un peu jalouse.
(À suivre.)