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étaient déjà séchés ; l’eau avait roulé de la montagne dans les ravins, traversant le plateau sans l’imbiber, dépourvu comme il l’était d’arbres, et même de gazon ; et l’on ne voyait les traces de son passage qu’aux trous qu’elle avait creusés, aux terres qu’elle avait emportées, dénudant chaque fois davantage le sol.

Nous descendîmes la côte sur la vallée, comme nous l’avions descendue l’avant-veille, jour du combat ; nous passâmes devant l’endroit où il avait eu lieu et nous poursuivîmes encore. Un instinct, qui n’allait pas jusqu’à se formuler en une intention précise, me poussait vers ce Nur-Hag, situé à mi-côte de la montagne, à deux milles environ de Nuoro, d’où Cabizudu avait vu descendre Pietro de Murgia et Preddu Floris. J’étais comme une personne qui furette machinalement en des coins impossibles, après avoir vainement cherché dans les endroits où l’on pouvait, avec raison, supposer l’objet.

D’ailleurs, mon compagnon ne me gênait en rien. Il me suivait docilement, plongé dans sa morne douleur, ne sachant peut-être où il était, et j’avais peine à lui arracher quelques paroles. Sous les coups répétés du sort contraire, toute son expansion des premiers temps avait disparu, et son silence me paraissait plus inquiétant encore. Nous traversâmes la vallée et montâmes le sentier qui conduit au Nur-Hag. Arrivés au pied, nous trouvâmes, placée comme toujours au sud-est, l’entrée de la chambre inférieure ; mais elle était obstruée de ronces et de grosses pierres, et il eût fallu pour la déblayer un véritable travail, auquel je ne songeai point, ayant visité assez d’autres de ces monuments. Nous montâmes à la chambre supérieure, à demi-éventrée, et de là, sur la plate-forme, d’où l’on découvrait en bas toute la vallée, et les prés au bord du ruisseau. Ce Nur-Hag était situé à mi-côte d’un mont stérile, où quelques vieux chênes-lièges, éventrés et démembrés, levaient au ciel