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Comme je rentrai de suite à la maison, ma figure contrariée frappa Angela, que je rencontrai dans la pièce d’entrée. Elle me demanda ce que j’avais, et je lui fis en riant le procès des mercières de son pays.

— Ah ! me dit-elle, vous venez de chez la Cao ? Oui, c’est une femme de mauvais caractère ; mais en ce moment plus que jamais ; parce que, voyez-vous, son mari, elle dit qu’il est en voyage, mais personne ne sait où il est. Et peut-être ne le sait-elle pas elle-même ?

— Comment ! Il aurait été assassiné ?

Angela secoua la tête mystérieusement.

— Quoi donc alors ?

— On ne sait pas, signor ; mais on trouve étrange qu’il soit parti comme ça, tout d’un coup, sans rien dire à personne, et que depuis un mois, il ne soit pas revenu.

— Depuis un mois !…

— Oui ; c’était avant le procès Nieddu. Rosa me disait hier que c’était depuis le 3 juin. La Cao tout d’abord a dit qu’il était allé à Cagliari faire des emplettes, et main- tenant elle parle d’un petit héritage em- brouillé. Mais elle n’est pas assez fine pour tromper les gens, et l’on dit que s’il y a de l’héritage, ce n’est pas d’un parent qu’il est venu. Hum 1 !…

— Comment ! que voulez-vous dire ?

Angela ne voulait plus dire ; elle semblait même trouver qu’elle avait trop dit et s’embrouilla dans des explications sans queue ni tête, où je ne pus discerner qu’une chose, c’est qu’il y avait un dessous de cartes, et qu’il ne me serait point montré. Je questionnai Effisio. Plongé dans ses cruelles préoccupations, il ne voyait, n’entendait, ne savait rien.

Ce jour-là, le temps s’était rafraichi ; un orage, le matin, avait inondé la terre, et des nuages légers couraient encore dans le ciel, atténuant l’âpre ardeur du soleil. Inquiet de l’extrême tension nerveuse où je voyais mon ami, je l’entraînai dans une promenade à pied sur la route de Macomer. Les chemins