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— Monsieur est trop bon, reprit-elle du fon dont elle aurait pu dire : — Mêlez-vous de ce qui vous regarde !

Elle ajouta sèchement :

— Il est en voyage. Ceci vous convient-il ?

Cette dernière phrase avait pour objet les cordons de caoutchouc, auxquels la marchande me ramenait impérieusement.

— J’en voudrais de semblables, dis-je ; mais pas de cette couleur. N’en avez-vous point de bleus ?

Car c’étaient des noirs, couleur habituelle, qu’elle me présentait. Sans répondre, elle alla chercher un autre paquet et me montra des cordons de caoutchouc bleus, en petit nombre, absolument pareils à celui que j’avais ramassé devant le presbytère, le matin, après l’agression.

— Ah ! fort bien ! Vous n’en vendez pas beaucoup de ceux-là ?

— Je n’en ai vendu qu’un, répondit-elle.

— Vraiment ! Et à qui donc ?

Mais elle parut étonnée de ma question, et me regarda de travers.

— Qu’est-ce que cela vous fait ? me dit-elle carrément.

— C’est pour le donner que j’achète celui-ci, et dans le cas où ce serait la même personne…

— Oh ! ce n’est pas probable, répliqua-t-elle, de son air le plus rébarbatif en repliant le paquet.

Il eût été inutile, et peut-être imprudent, d’insister. Je sortis, fort contrarié. Pourtant j’avais saisi quelque chose ; une seule personne avait acheté l’un de ces cordons ! Restait à faire déclarer le nom de la personne, chose possible, soit pour le juge d’instruction, soit même pour don Antonio. Et il me semblait plus que probable que ce nom devait être celui de Pietro de Murgia. Le mari me l’eût dit sans doute, s’il eût été là ! Quel ennui pourquoi n’y était-il pas ? Et pourquoi cette diable de femme était-elle si raide et si revêche ?