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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 12 JUIN 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE.
XVIII. — (Suite.)

Une contrariété vive, et une indécision non moins grande, se peignaient sur les traits de Murgia. Il avait l’air d’un renard pris au piége. Assurément, il eut préféré garder la situation facile que lui avait faite le renoncement de son rival, et ne plus rien remettre au hasard ; mais, piqué dans sa vanité par les paroles dont Effisio avait accompagné sa proposition, il trouvait difficile de refuser. Un éclair de colère, qui brilla dans ses yeux, m’annonça la fin de cette hésitation, et j’en frémis ; car il devait se promettre de faire payer cher à mon ami ce nouvel obstacle.

— Vous avez eu raison de compter sur ma loyauté ! répondit-il avec un geste théâtral et une emphase toute espagnole, en me regardant aussi. J’avoue ne m’être jamais battu en duel ; mais je-serai charmé de cette petite fête, et fort reconnaissant à vous de me l’avoir procurée. Quand vous plait-il ?…

— Tout de suite, je vous prie, sur ce lieu même, et avec les armes que nous avons.

— Mais… cela me paraît contre les règles… observa Pietro, d’un air entendu.

— Pour un de ces duels ordinaires, qui ne sont au fond que des parties de plaisir, ce n’est pas l’usage de précipiter ainsi les choses ; mais lorsqu’il s’agit d’un duel sérieux.