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Antioco Tolugheddu ; tous avaient des fleurs attachées sur la poitrine et des bouquets à la main, et ceux qui faisaient la basse enflaient leur voix en mettant les mains devant leur bouche, et se contorsionnant d’une manière bizarre. Bientôt, des maisons voisines sortirent des jeunes filles qui vinrent se joindre à nous ; Grazia parut tour. Elle était fort parée, ainsi que ses compagnes. Les jeunes gens avaient également leurs plus beaux habits ; de gros boutons d’or attachaient le col de leur chemise (ils ne portent pas de cravate). Effisedda vint en courant de la maison, apportant un grand drap blanc, que l’on déplia en riant beaucoup. En même temps, une jeune fille, tenant une corbeille couverte, la présentait successivement à chacun.

— Mettez-y un objet quelconque, me dit Effisio, mais que vous puissiez reconnaître.

J’y déposai une petite clef ; la tournée finie, je vis tout le monde s’asseoir en rond devant la porte, en se couvrant du drap élevé en conque au-dessus des têtes. J’observai qu’Effisio se glissa près de Grazia, assez prestement pour empêcher un autre de prendre la place. On m’avait fait asseoir le premier. Alors s’éleva la voix de Grazia, chantant sur un air simple, d’une jolie voix pure, ces paroles, dont je compris à peu près le sens :

    Maju, maju, beni venga,
    Cum totu su sole e amore,
    Cum s’arma et cum su flore,
    E cum sa margaritina. >

    Mal, mai, sois le bienvenu,
    Avec tout le soleil et l’amour,
    Avec l’arme et avec la fleur,
    Et avec la marguerite.

Elle continua :

Que tes jours soient épais comme l’herbe,
    Riants comme la fleur ;
    Que des parfums s’exhalent
      Autour de tes pas.

Et elle s’arrêta, pendant que sa petite sœur