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comme il se bornait à la serrer contre sa poitrine, morne et muet, elle éclata de nouveau :

— La semaine est commencée !… plus que six jours ! y songes-tu ?… Six jours ! bientôt passés, let il faudra que je mette ma main dans celle de cet homme !…Tu consens à cela, toi ? Nont tn ne veux pas ? c’est impossible !… Toi qui dis m’aimer, Effisio 1… Tu ne veux pas me réduire volontairement à choisir entre l’opprobre et la mort 1…

— Grazia, dit-il, appaise-toi, je t’en supplie cherche à me comprendre.

— Encore !… Non ! non ! Il ne s’agit plus de parler, je te l’ai dit, mais de choisir. M’aimes-tu ? Ou veux-tu m’abandonner ?

Troublé par cette logique de la passion, qui oublie ou dédaigne tout ce qui n’est pas son but, éperdu, il ne trouvait rien à répondre. Bien qu’elle n’eut fait aucune attention à moi, j’osai prendre la parole :

— Grazia, vous êtes injuste ! Vous ne tenez compte que de votre douleur ; vous ne voyez que votre pensée. Mais Effisio a son devoir, comme vous croyez avoir le votre ; il souffre autant que vous, et pourrait tout aussi bien vous accuser, lui aussi, de l’abandonner, pour un préjugé d’honneur faux et féroce.

— Laissez-le répondre lui-même ! me dit-elle avec autorité, Vous êtes seul à le conseiller ainsi, et tout ce pays est contre vous. Lui, il est des nôtres ; pourquoi ne reste-t-il pas avec nous Effisio ! je t’en supplie, laisse-là les idées étrangères et redeviens un fils de Nuoro ! Nous souffrirons encore peut-être ; mais du moins nous nous entendrons, et je serai toute à toi ! Oh ! donne-moi cette joie ! Ne soyons pas séparés ainsi dans notre pensée ; car déjà c’est la moitié de la mort. Mourons, s’il le faut, mais ensemble ! La mort même alors sera douce. Reviens à moi !…

— Je ne t’ai point quittée ! répondit-il en l’enlevant dans ses bras, et en l’obligeant de s’asseoir près de la roche.