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— Eh bien ! dit impatiemment don Antonio.

— Je ne puis pas me faire assassin ! répondit Effisio.

Cette parole frappa chacun en divers sens : Grazia devint livide et laissa tomber sa tête. sur sa poitrine ; Pietro de Murgia fut, si joyeux, qu’il oublia de protester contre l’appellation qui, indirectement, lui était donnée. Il en fut autrement de don Antonio et de sa mère. La voix de celle-ci, aigre et forte à la fois, demeura bientôt seule pour foudroyer le transfuge.

— Va ! lui disait-elle, tu n’es plus des nôtres ! Je le savais ! Mais ne blasphème pas l’honneur de tes pères, et que ta langue du moins ne porte pas l’insulte dans leur maison, si tu n’es plus de force à tenir leur épée. Ainsi, le vaillant qui, au péril de sa vie, défend l’honneur et l’existence des siens, n’est qu’un assassin pour toi ! Nieddu t’est sans doute un frère ? Val tu n’étais pas digne de mêler de nouveau ton sang au nôtre, et bénie soit cette épreuve qui nous sépare de toi ! Grazia, relève la tête ! Cet homme ne mérite pas de regrets, Tu connais ton devoir ! tu es une de Ribas ! Donne la main à Pietro de Murgia ! et jure de l’épouser, dès qu’il aura versé le sang de Nieddu, et réjoui dans sa tombe ton malheureux époux !

Il eût été plus humain et plus décent d’attendre le départ d’Effisio pour se livrer à ces sortes de fiançailles ; mais Pietro de Murgia saisit l’occasion qui lui était offerte et se jeta aux genoux de Grazia. Effisio ne s’enfuit pas ; il voulut voir jusqu’où, irait son malheur et l’abandon de son amante. Elle retira sa main de la main de Murgia, voulut parler, et ne fit entendre qu’un sanglot.

— Du courage, Grazia ! lui dit son père, d’un ton menaçant. Désormais, tout est fini et je te poignarderais, plutôt que de te voir la femme d’un homme qui abandonne et trahit nos plus saintes coutumes ! Le vengeur d’Antioco se présente ; tu dois l’accepter. C’est un noble et vaillant jeune homme, et tu seras fière de lui.

— Grazia, je vous en supplie ! dit Pietro de Murgia, de sa voix la plus langoureuse, fiez-vous à mon ardent amour, consentez à être à moi !

Et il reprit sa main pour la porter à ses lèvres.

— Je ne puis pas ! Je ne puis pas ! s’écria