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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 26 AVRIL 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

II. — (Suite.)

Effisedda allait à l’école, et, au retour, avait pour occupation d’exécuter les ordres de tout le monde. Partout où la femme est maltraitée, on abuse extrêmement des petites filles. Cette Cendrillon, toutefois, au-dessous de laquelle il y avait encore une petite bonne, dont on abusait bien autrement, n’avait rien de mélancolique. Vive, fraiche, forte, elle attachait sur moi les yeux les plus grands et les plus curieux que puisse avoir une fillette de treize à quatorze ans ; puis se pendait au cou de sa sœur, qu’elle paraissait aimer beaucoup.

Le jeune garçon, Quirico, ne s’entrevoyait guère qu’aux heures des repas, encore pas toujours. Il était censé, lui aussi, aller à l’école ; mais sa principale occupation était de chasser au piége ou à la fronde, les petits oiseaux ; de plus, il élevait un sale vautour et courait sur les chevaux. Quelquefois il obtenait la permission d’aller passer des journées avec les pâtres dans la montagne. À dix ans, il maniait déjà un fusil et parlait de suivre avec nous la chasse prochaine. Ce petit garçon s’arrogeait le droit de commander à ses sœurs, même à l’aînée. Apporte-moi ceci, Grazia. — Effisedda, je te châtierai !