quelles la voix de Pietro de Margia avait été la plus violente et la plus sonore.
Nous n’avions su tout cela que par oui-dire, Effisio et moi. Effisio n’avait pas voulu assister au prononcé du verdict, et moi, à peine l’avais-je entendu, que je m’étais dérobé pour aller retrouver mon triste ami, qui m’attendait dans une anxiété fiévreuse.
— Eh bien ! me demanda-t-il, tout défait, en m’apercevant.
— Nieddu et Raimonda sont bien heureux ! murmurai-je.
Hélas ! nous ne pouvons être touchés du bonheur d’autrui, quand il tus le nôtre. Effisio baissa la tête. C’était lui le condamné ! Quand j’essayai de lui rendre l’espérance, de le ranimer pour la lutte, je me heurtai à un désespoir absolu.
— Tais-toi ! me disait-il, n’as-tu pas vu déjà comment une pareille lutte, ici, se termine ? Si tu veux que j’épouse Grazia, donne-moi le courage d’être assassin. Voilà ce qu’il faut faire. Tout le reste n’est que vaines paroles.
Je dus le laisser à son intraitable douleur, sûr que bientôt il reviendrait de lui-même me demander des consolations ; car l’homme est ainsi : la douleur, quand elle semble s’acharner contre lui, lui cause une sorte de fascination, de vertige, auquel il s’abandonne ; mais le sentiment le plus obstiné de notre âme est l’amour du bonheur et le besoin de ne pas souffrir ; aussi, l’humeur farouche le cède-t-elle bientôt à la recherche des moyens et remèdes, que l’on fuyait tout à l’heure. Je n’en eus pas moins à insister beaucoup pour persuader à Effisio ce qu’il voulait croire.
— La situation, lui disais-je, n’est plus la même : Grazia n’est plus une jeune fille timide, mais une femme éprouvée par une expérience cruelle ; elle ne peut se laisser donner deux fois, sans son propre aveu.
— Tu te trompes, me répondit-il ; Grazia est toujours la même, c’est-à-dire aussi faible de caractère que généreuse de cour. Elle