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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 6 JUIN 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE

XVII

Quand, à l’audience, avait été prononcé le verdict d’acquittement, l’indignation et la fureur des Tolugheddu-Ribas étaient allées jusqu’au scandale. La mère d’Antioco, se levant toute droite, le bras étendu vers les jures, leur avait crié :

— C’est une infamie ! Vous êtes donc pour les assassins ?

Le vieux Basilio avait levé les mains au ciel et courbé la tête. De Ribas s’était écrié :

— Si c’est là votre justice, nous aurons la nôtre !

Une étrange satisfaction avait percé sur les traits de Pietro de Murgia ; Grazia, comme frappée d’un coup mortel, s’était affaissée. Leurs amis les avaient emmenés chez eux, c’est-à-dire chez de Ribas, et la petite troupe, éplorée et menaçante, ne s’était fait faute de répandre sur son passage les exclamations de sa haine et de son mépris pour le verdict d’injustice qui venait d’être rendu.

Chez de Ribas, un tumultueux conseil avait eu lieu, on plutôt — car aucun avis contraire ne s’était produit — un formidable concert de voix vengeresses, au milieu des-