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nocturnes et la fermeté de main nécessaire à l’exécution de son horrible projet. C’était le seul moyen de se procurer un alibi, qui valût un peu mieux que le témoignage du Sirvone. Cet homme voulait être assassin, mais sans risques ; il craignait vos rigueurs et voulait les déjouer. Maintenant, il entend vivre en citoyen parmi vous, épouser sa Raimonda, et faire souche d’assassins nouveaux. Vous ne permettrez pas ce scandale et ce danger !

Nieddu, la nuit du 27 octobre, est allé à Oliena, comme il y était allé deux nuits auparavant, pour tendre le piége. Comment a-t-il pu faire le chemin en si peu de temps ? — Du moins, si nous devons nous attacher sur ce point à des dépositions incohérentes, évidemment trop favorables ? Comment ? C’est ce qui ne nous est pas découvert ; mais il l’a fait hélas ! La mort d’Antioco ne le prouve que trop ! Il a pu, dans ce pays où le bétail paît la nuit, dérober facilement un cheval, hors de la pastorisia des Cubeddu. Il y a peut-être quelque part un complice, que nous ne connaissons pas ? ou quelque homme timoré, qui craint en éclairant la justice, de risquer sa vie ! Dans un pays où la vendetta, où l’assassinat, pour l’appeler de son véritable nom, est en honneur, encore une fois, la preuve matérielle qui, ailleurs, vient s’offrir d’elle-même ici se dérobe et nous échappe. Elle ne saurait donc être aussi rigoureusement exigée.

Messieurs, cela même vous pénétrera de la grandeur du mal, et vous voudrez le guérir. En ceci votre propre vie, comme celle des autres, est intéressée. Il s’agit de faire reculer en Sardaigne l’assassinat, déjà saisi de crainte par vos précédents exemples de justice, et qui ne demanderait, dans cette affaire si retentissante, qu’un verdict favorable pour relever la tête de nouveau. Autour de cette enceinte, dans cette enceinte même, on attend la parole que vous allez prononcer pour railler la justice, ou pour la craindre. Cette famille désespérée, qui vous a remis noblement le soin de sa vengeance, l’attend également avec anxiété pour apaiser sa douleur, ou pour l’exalter peut-être jusqu’à des résolutions funestes. La moralité, la paix de cette province, messieurs, dépendent de vous ; il est en votre pouvoir de lui faire