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un meurtrier seul peut concevoir de l’amour. Il les avoue donc fièrement, ou plutôt insolemment, devant le sentiment du juste, qui le condamne ; mais sur l’aveu du fait il arrête ; car cet homme si fier, ce prétendu brave, ne veut pas être puni ; il veut bien satisfaire ses passions, mais impunément. Il sait que le préjugé du faux honneur lui donne pour complices, tout au moins pour aides complaisants, tous ceux qui l’entourent, parmi ce peuple ignorant et sauvage ; et il se fonde là-dessus pour échafauder un système qu’un peu plus de mémoire, un peu plus de haine du crime, chez les témoins, mettrait à néant. Il va plus loin encore, et sachant bien qu’il ne trouverait pas, chez tout autre qu’un malfaiteur, un témoin complétement parjure, il ose vous. offrir le témoignage d’un bandit, réfractaire à la loi, meurtrier lui-même ! et le tribunal, pour montrer à quel excès il pousse les garanties offertes à l’accusé, consent à faire citer le Sirvonel Messieurs, vous récuserez un pareil témoin ! La justice fait appel à la conscience, et non pas à l’infamie ! Vous refuserez également de vous égarer dans un calcul de temps, que nul ne s’attache à serrer de près, excepté la bonne foi du président. Vous vous demanderez simplement, en toute raison, et en toute conscience : — Quel peut-être le meurtrier d’Antioco Tolugheddu, de ce malheureux jeune homme, ravi si cruellement à l’amour d’une jeune et charmante épouse, à la tendresse passionnée de ses parents, à la société, dont il était un des membres les plus utiles et les plus honnêtes ? Et vous répondrez : — C’est son ennemi ! car le bon sens ne peut pas vous dicter d’autre parole.

Quel est-il donc son ennemi ? Il n’en avait qu’un. Un homme égaré par une folle passion, par un point d’honneur aussi faux qu’odieux, et qui a pris soin lui-même de se nommer, de se déclarer d’avance : Fedele Nieddu ! lui qui va signifier au fils et au père ses intentions homicides, qui se joue publiquement des terreurs légitimes de sa victime, qui déclare à Pepeddo qu’il garde sa vengeance pour lui seul, et qui l’accomplit enfin avec des raffinements d’astuce et de barbarie. Ce jardin, ravagé sans précautions, que dis-je, avec une perfide ostentation, tandis